Créateur des premiers super héros togolais, Adrien Magloire Folly-Notsron alias KanAd a décidé de mettre sa plume au service de la cause des femmes. Du 25 novembre au 10 décembre 2019, lors de la journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, le bédéiste a publié sur les réseaux sociaux 16 illustrations qui ont suscité l’intérêt des internautes. Aïdo 3D l’a rencontré pour faire le bilan de sa campagne de sensibilisation.
Quelles sont les raisons qui vous ont motivé à lancer une telle campagne ?
Au début, je voulais faire juste une illustration pour marquer la journée de la femme. Car, nous avons tous, à un moment donné où à un autre, été témoin d’une violence faite contre une femme de notre entourage immédiat, que ce soit une mère, une sœur, une cousine ou une voisine. Ceci est devenu tellement banal dans nos sociétés que nous ne nous rendons pas compte que certaines pratiques sont des formes de violence. C’était l’occasion pour moi de m’exprimer sur le sujet. Puis, je me suis rendu compte en me documentant sur la journée que c’était une campagne qui devait durer 16 jours. Je me suis alors dit que, ayant beaucoup à dire sur le sujet, j’allais dénoncer une forme de violence chaque jour, ce qui m’amènerait à en dénoncer 16 au total. Et c’est de là que tout est parti…
On a senti un intérêt des internautes après la publication d’un article de Aïdo 3D sur vos dessins et votre campagne. Qu’est-ce qui justifie cela ? La qualité et la profondeur de vos dessins ou le message lui-même ?
Les deux à mon avis. D’abord, je suis illustrateur de profession et faire des dessins très expressifs qui transmettent de l’émotion est ce que je sais le mieux faire. Je voulais frapper fort avec mes illustrations que j’exécutais avec la ferme intention de choquer. Ensuite les thèmes abordés ainsi que les messages véhiculés aussi étaient programmés pour interpeler personnellement. Je faisais glisser à chaque fois le lecteur dans la peau tantôt de la femme qui subit la violence, tantôt dans celle de la personne qui la commet, ou tantôt dans celle d’une tierce personne qui est témoin de l’affaire. Au fil des jours, le lecteur finit par comprendre ce que c’est que d’être un opprimé sans défense ou un oppresseur sans scrupule, ou encore un témoin inactif. Et je peux dire que cela a bien marché, car, en deux semaines de campagne, le nombre d’abonnés à ma page a grandi de près de 300 nouveaux followers. De plus, depuis la création de ma page, très peu de mes publications ont connu plus de 100 likes ainsi que plus de 50 partages. Mais j’atteignais facilement ces chiffres en quelques heures après chaque publication quotidienne sur la violence faite aux femmes. J’ai même entendu dire que des gens dormaient quasiment à côté de leur téléphone en attendant mes publications parce que je les faisais très tard dans la nuit.
Pensez-vous avoir atteint votre but ?
J’ai eu beaucoup de retours des femmes, mais aussi des hommes. Des messages de soutien en commentaires sous les publications. Souvent, on avait même droit à des témoignages qui ouvraient d’autres débats et qui animaient les commentaires. J’ai également eu beaucoup de messages en inbox (messagerie privée) de personnes qui me félicitaient et m’encourageaient à aller jusqu’au bout. Et à mon avis, mon but a été atteint. Car j’ai réussi à soulever des débats, des personnes ont été informées sur d’autres formes de débat et ont demandé comment y remédier.
Quelle est la prochaine étape? Allez-vous continuer à dessiner pour sensibiliser?
La prochaine étape est de continuer à soutenir les femmes dans leurs activités de tous les jours au travers de mes publications. Il y a tellement à dire quand il s’agit de défendre la femme que je ne pense pas manquer de thèmes à aborder.
Jacob Djossou