Publié le 25 août 2021

Au Cameroun, les bornes d’arcade font de la résistance

Encombrantes, techniquement dépassées, les bornes d’arcade ont complètement disparu des radars. Sauf au Cameroun où les gamers vouent encore un culte particulier à ces machines d’un autre temps.

Jetées aux oubliettes dans de nombreux pays, les bornes d’arcade restent pourtant un vrai phénomène de société au Cameroun. Certes, l’engouement n’est plus le même qu’il y a 10 ou 20 ans. Mais, ces machines continuent de susciter l’intérêt des jeunes et adultes, malgré l’attrait et la concurrence féroce des consoles de dernière génération.

Yaoundé, la capitale politique, abrite encore plusieurs salles d’arcade ou « salles de game », prises d’assaut chaque jour. Pour attirer un maximum de gamers, certaines salles de jeux vidéo jouent la carte de la mixité. Dans un même espace, les joueurs ont la possibilité de jouer aux bornes d’arcades et aux consoles de jeux. C’est une astuce qui porte ses fruits. Ces lieux sont devenus des espaces de rencontres entre plusieurs générations de gamers.

Les bornes d’arcade, des tarifs de jeu attractifs

À Anguissa, un quartier situé à l’est de Yaoundé, Yannick et ses amis ont rendez-vous dans une salle de jeux mixte. C’est une habitude pour ces jeunes collégiens de se retrouver dans ce lieu, dans l’après-midi, après la sortie des classes.

Si ses amis préfèrent se ruer sur les manettes de PlayStation, l’adolescent de 14 ans s’installe tranquillement devant une borne d’arcade. « Je préfère ce jeu parce qu’il est moins cher. Avec 25 F seulement je peux jouer longtemps», affirme-t-il, le sourire en coin.

Les yeux rivés sur l’écran, les mains agrippées au joystick, il poursuit : « Il est plus facile pour moi de jouer à ce jeu. Sur la PlayStation, il faut plus d’argent ». Avec une pièce de 25 FCFA, le joueur peut lancer un jeu d’arcade. Il suffit de glisser la pièce dans le monnayeur situé au bas de l’appareil d’une hauteur de 1,5 m environ. Le jeu se poursuit tant que le personnage ne meurt pas, explique-t-il. Les moins nantis et les joueurs performants peuvent donc passer de longues minutes sur une borne avec une pièce de 25 FCFA.

Or, avec les consoles de dernière génération, le prix d’un jeu varie en fonction des appareils. Sur les Playstations 3 et 4, les consoles les plus prisées par les joueurs, le prix est respectivement de 300 FCFA et 500 FCFA/heure.

Street Fighter ravive la fibre nostalgique

Sorti en 1987 sur borne d’arcade, Street Fighter est le jeu qui a réellement provoqué l’engouement autour de ces machines. À l’époque, ce jeu de combat en 2D, était une petite révolution. Avec ses personnages caricaturaux et originaux, ses coups spéciaux, Street Fighter s’était remarquablement démarqué de ses concurrents. « C’est un très bon jeu. C’est comme un vrai combat. On donne des coups puissants et chaque personnage a son propre style », se réjouit Yannick.

Au début des années 90, Cadillacs and Dinosaurs et The King of Fighters vont débarquer sur borne arcade. Si ces jeux, très prisés au Cameroun, n’ont jamais réussi à détrôner Street Fighter, ils continuent néanmoins d’attirer de nombreux gamers.

Aujourd’hui encore, Street Fighter demeure un incontournable des salles d’arcade au Cameroun. Il faut dire que le jeu de combat de Capcom ravive la fibre nostalgique des joueurs les plus vieux. Certaines personnes de la génération 80-90 se rendent simplement dans les salles d’arcade pour se délecter du spectacle. L’ambiance, la musique, le bruit des joysticks et la chaleur des salles exiguës donnent encore des frissons à bon nombre de vieux joueurs.

A Emombo, un quartier à proximité d’Anguissa, la vingtaine révolue, Boris, lui, continue de fréquenter les salles d’arcade parce que Street Fighter « a bercé » son « enfance ». C’est ce jeu de combat qui l’a « fait aimer les jeux vidéo ». « On séchait les cours à l’époque à cause de ce game. Ça m’a fait connaître beaucoup de potes », se souvient-il. Généralement, les jeux de combat prennent des allures d’une compétition entre les jeunes qui rivalisent d’adresse sur les machines.

Baisse des recettes

Un constat se dégage tout de même. C’est la baisse des recettes dans les salles d’arcade. Cette situation est due à la prolifération des salles de jeux vidéo, selon un gérant rencontré à Emombo. Les salles d’arcade essaient bien que mal de résister à la concurrence accrue des salles de jeux vidéo. Mais, l’avenir des bornes d’arcade s’écrit en pointillé car, ces « ancêtres » s’essoufflent.

Sur le marché, le prix d’achat des bornes d’arcade a significativement baissé. Vendue à environ 500.000 FCFA il y a 10 ans, une machine neuve coûte aujourd’hui environ 300.000 FCFA. Il faut compter entre 175.000 et 200.000 FCFA pour une machine d’occasion, apprend-on.

 

Jacob Djossou, avec Christian Valez (Cameroun)

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