Né il y a 3 ans à Yaoundé, BlackTrek est une association d’artistes graphistes dont l’objectif est de promouvoir la culture africaine. À la tête d’un magazine de bandes dessinées, le groupe essaie tant bien que mal de vulgariser la BD made in Cameroun.
BlackTrek est une association qui comporte une dizaine de personnes parmi lesquels des dessinateurs, des scénaristes et des animateurs. Cette association est née d’un constat : la culture africaine est délaissée au profit des cultures importées à travers les mangas, comics…
Le secteur de la BD n’étant pas assez développé au Cameroun, Paul Makondo et Rodrigue Kamaga, deux étudiants à l’époque, passionnés de bandes dessinées, ont eu l’idée de créer ce collectif. Ils ont donc approché des amis.
« L’idée est allée d’un voisin à un autre, d’un camarade à un autre, d’un ami à un autre, d’une connaissance à une autre souhaitant apporter leur contribution dans le développement de ce mouvement. C’est ainsi qu’est né BlackTrek », raconte Georges Mvondo, le président de l’association.
BlackTrek ou « dessins noirs »
Le nom BlackTrek est une union de deux mots : Black est un mot anglais qui signifie «noir» et Trek un mot afrikaans (langue germanique issue du néerlandais, parlée en Afrique du Sud et en Namibie) qui veut dire «dessiner». BlackTrek signifie littéralement « dessiner noir ». Cela peut se traduire par « dessins noirs » ou « dessins réalisés par des noirs ».
« Ce nom a été difficile à trouver, car nous voulions un nom africain qui soit non seulement attirant, mais qui cadre aussi avec notre moyen d’action qui est le dessin », explique Georges Mvondo. Toutefois, une nuance s’impose. Blacktrek désigne le nom du groupe, mais Le Blacktrek, c’est le mouvement que le Collectif souhaite créer. C’est également le style que l’association veut vulgariser. Ce style graphique comporte des traits qui frôlent le réalisme.
Si le chemin à parcourir reste encore immense, les membres sont néanmoins fiers du travail déjà abattu.
Promouvoir et valoriser la culture africaine
« Nous avons pour objectif la promotion et la valorisation de la culture, de renouveler et partager des valeurs de ce souffle qui accroît la vitalité de l’humanité », explique Georges Mvondo. Selon lui, le 9e art évolue très lentement au Cameroun pour deux raisons : le secteur n’est pas très médiatisé et les artistes ne valorisent pas assez cet art.
À travers leur association, les membres veulent « instruire les personnes de tout âge et de tout horizon sur l’importance » de leur culture. Car, l’Afrique possède des cultures très riches qui sont ignorées ou mal exploitées.Il s’agit de « mettre la culture africaine en avant. À travers nos légendes, nos villes, les problèmes sociaux que nous rencontrons chaque jour. Que la BD puisse parler directement à un Africain lambda », poursuit M. Mvondo.
Le Collectif prône le retour aux sources, une étape « important lorsque nous voulons aller de l’avant, lorsque nous voulons inculquer des valeurs solides, lorsque nous voulons bâtir un pays fort, car un peuple qui ne connaît pas sa culture ressemble à un arbre sans racine ».
BlackTrek ambitionne de donner à l’Afrique un style qui lui est « propre que ce soit dans le domaine de la bande dessinée, l’animation et le jeu vidéo ». Le collectif veut proposer au monde des contenus qui ne sont pas seulement ludiques, mais aussi didactiques. « De ce fait, notre but final est d’ouvrir une maison d’édition, un studio d’animation et une maison de jeux vidéo », assurent-ils.
Un magazine, une vision
Pour faire avancer le mouvement, le Collectif a lancé en 2017 un magazine contenant 5 BD et vendu à 2600 FCFA en librairie. Il s’agit, pour l’association de « vulgariser la BD made in Cameroun ».
« Les ventes ne sont pas astronomiques même si le magazine est moins coûteux. Mais beaucoup de personnes savent déjà que nous existons et demandent tout le temps la suite de nos histoires », affirme Yannick Obada, dessinateur et infographiste du groupe.
Faute de moyens financiers, BlackTrek ne produit jusqu’à présent qu’un seul album par an. Le Collectif envisage tripler la cadence lorsque les finances le permettront.
Quant au public, il « est assez réceptif ». « Nous recevons des critiques positives et négatives, mais elles sont toutes constructives, car elles nous permettent de nous renouveler chaque jour », poursuit Yannick Obada.
Sur le marché, plusieurs concurrents comme 3AG Mag sont également présents. Mais, les membres de BlackTrek estiment plutôt que leurs concurrents sont en réalité des « camarades qui ont le même que objectif que nous ». Pour développer le secteur, « les artistes doivent comprendre qu’il faut s’unir. On pourrait même créer un syndicat », estime pour sa part Martini Ngola, dessinateur et illustrateur du groupe.
Trois ans après sa création, BlackTrek s’impose comme l’une des valeurs sûres de la BD au Cameroun et en Afrique. Pour avoir plus d’informations sur le Collectif, vous pouvez visiter leur page https://web.facebook.com/BlackTrek237/
Jacob Djossou